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L’automne est propice au dépouillement, à l’image des arbres qui tapissent le sol de leurs feuillages endormis.

Je suis en train de lâcher la main de plusieurs personnes depuis quelques temps. Enfin, non. Disons que je ne la tends plus, puisque personne ne semble plus vouloir la prendre.

Un départ silencieux.

J’ai l’impression que les « ruptures » d’amitié se font rarement dans le sang et les larmes. Peut-être parce que des amis ne se doivent rien, au-delà des accords tacites autour de valeurs communes et d’intêrets partagés.

Il n’y a pas d’appart à vider, de compte en banque à fermer, de quotidien chamboulé, de remise à zéro.

Parfois, les amitiés volent en éclats, mais pas chez moi. Chez moi, c’est plus silencieux, ça se délie, ça se délite, car je me rends compte que je rame pour deux, que ça me draine plus que ça ne me nourrit, que je suis la seule à alimenter le lien. Alors je me retire, à pas de louve mais le cœur lourd quand même.

Je me suis demandé s’il fallait « en parler ». Si je devais dire « j’aimerais ceci », « j’ai été déçue de ça », « je n’ai pas compris ça et ça ».

Je ne l’ai pas fait.

Soit parce que je l’avais déjà fait et que cela n’a rien changé.

Soit parce que j’ai l’impression qu’en face, on s’en fout un peu. Et que peut-être, je choisis de m’en foutre un peu aussi.

Plus âgée, plus détachée ?

Je crois que l’âge aide. À 40 piges, j’ai envie de relations saines, de confiance, d’échanges mutuels, de réciprocité, d’honnêteté, de respect. Ça ne veut pas dire que tout doit toujours être parfait mais il doit au moins y avoir l’envie commune de nourrir le lien, de le maintenir. Sinon, à quoi bon ?

Ces départs silencieux me mettent face à une peur que je traîne depuis longtemps, celle de ne pas savoir sur quel pied danser. Celle qui me pousse à observer pour savoir comment m’adapter (à l’autre). Aujourd’hui, je choisis de danser comme je veux, sur le pied qui me chante, sur les deux, sur aucun. J’arrête de m’adapter (… pour être aimée, smiley clin d’œil).

J’ai aussi toujours été assez absolue. On s’aime ou pas. On se voit ou pas. Mais les entre deux étaient anxiogènes pour moi.

Lâcher.

J’apprends finalement que tout n’a pas forcément à être verbalisé, expliqué, clos, décortiqué. Mon juge intérieur n’a pas forcément besoin de statuer et de classer tous les dossiers. Je ne jette plus la clé après avoir verrouillé la porte. Je ne la ferme même plus à clé. Je la ferme simplement. Et si quelqu’un vient à frapper, dans une semaine, un an ou dix ans, je crois même que j’ouvrirai et puis, je verrai. En attendant, je fais mes deuils, je laisse tomber mes feuilles et je me réchauffe auprès de celles et ceux qui sont toujours là. Je reste curieuse de celles et ceux qui pourraient entrer et avoir quelque chose à m’apprendre, même si ça ne doit durer que quelques instants. Tout le monde n’est pas fait pour rester.